Rapport de marché: la hausse des prix des huiles et des graisses se poursuit

Les prix élevés des huiles (végétales) et des graisses provoquent une certaine nervosité dans l'industrie alimentaire et sur le marché du foodservice depuis un bon moment déjà. Les effets négatifs cumulés d'une récolte difficile, de stocks limités et d'une consommation accrue de biodiesel se font sentir jusque dans les friteries des villages en Belgique. Cet article présente les principales tendances.

PRIX ÉLEVÉS

Plantaardige olie in een container - Foto: Shutterstock Le commerce mondial des huiles végétales et des graisses connaît d’importantes fluctuations de prix. Alors que de mars à mai 2020, des niveaux de prix remarquablement bas ont été atteints pour cette période de l'année, c'est exactement le contraire qui s'est produit au cours de la même période en 2021. Et cette tendance se poursuit depuis plusieurs mois maintenant.

Selon Thomas Mielke, d'Oil World, un organisme indépendant qui fournit des analyses de marché au monde, la hausse des prix des huiles végétales et des graisses est principalement due à 3 facteurs : le déficit de production mondiale ou les conditions de récolte difficiles, les faibles stocks dus à une récolte précédente médiocre et la consommation accrue de biodiesel dans le monde. Ces facteurs ont multiplié pratiquement par deux les prix de nombreuses huiles et graisses en un an. Celui de l'huile de tournesol autour de la mer Noire, par exemple, est passé de 815 dollars américains par tonne (USD/tonne) en août 2020 à 1575 USD/tonne en mars 2021. L'huile de palme brute indonésienne a même plus que doublé, passant de 500 USD/tonne en mai 2020 à 1130 USD en mars 2021.

Cette tendance ne s'arrêtera pas de sitôt. L'indice des prix le plus récent, celui d'août/septembre, montre toujours les mêmes prix élevés pour les huiles végétales et les graisses, bien que la situation et les perspectives d'avenir pour chaque type d'huile/graisse ne soient pas toujours les mêmes.

Biodiesel - Foto: Shutterstock LE ROLE DU BIODIESEL Lorsque l'on parle d'huiles et de graisses dans l'industrie alimentaire, le terme « biodiesel » n'est jamais loin. Le biodiesel est un carburant fabriqué à partir d'huile végétale ou de graisse animale. Il peut être produit avec de l'huile ou la graisse usagée ou nouvelle.

Le biodiesel est un carburant biologique en plein essor depuis quelque temps déjà. De nombreux pays ont également fixé des objectifs pour l'utilisation des biocarburants. Mais cette demande croissante a un impact sur les prix des mêmes huiles végétales et graisses animales utilisées dans l'industrie alimentaire. En bref, plus la demande pour le biodiesel est élevée, plus les huiles végétales et les graisses animales sont chères.

HUILE DE COLZA Du côté de l'huile de colza, on constate que les conditions de croissance dans l'UE ont été relativement favorables au cours des derniers mois. Un certain nombre de pays ont même pu obtenir une meilleure récolte que prévu. Malheureusement, la demande au sein de l'UE est si élevée que celle-ci doit acheter de plus en plus en dehors de ses frontières pour y répondre.

Koolzaad- of raapzaadveld - Foto: Shutterstock Le principal pays concerné est le Canada, un très grand producteur d'huile de colza. Cependant, les conditions climatiques y sont actuellement tout sauf idéales. La sécheresse extrême et les températures élevées ont nécessité un ajustement drastique des prévisions de récolte, qui sont passées de 20 millions de tonnes à moins de 15 millions de tonnes.

Par conséquent, l'offre mondiale, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'UE, ne peut répondre à la demande. Et les niveaux de prix élevés ont donc été maintenus pendant des mois.

HUILE DE PALME L’huile de palme provient principalement de l'Indonesie et de Malaisie, les plus grands producteurs mondiaux. Comme ce fut le cas pour l'huile de colza au Canada, la Malaisie a dû ajuster ses prévisions de production au cours des derniers mois. Non pas en raison d'une sécheresse extrême ou de températures élevées, mais à cause de la pandémie de COVID et des restrictions imposées par le gouvernement. Le pays connaît actuellement une grave pénurie de main-d'œuvre pour la récolte des fruits du palmier.

L'offre limitée, combinée aux faibles stocks des récoltes précédentes, fait donc grimper les prix.

Maleisische arbeider in Palmolie plantage - Foto: Shutterstock Alors que la haute saison de l'huile de palme en Malaisie approche, le gouvernement local et l'ensemble de l'industrie du palmier à huile devront faire de gros efforts dans les semaines et les mois à venir pour optimiser la production des palmiers pour le reste de l'année. En cas de succès, il est possible que les prix recommencent à baisser vers la fin de l'année.

HUILE DE SOJA Quant à l'huile de soja, c'est principalement la demande croissante du secteur du biodiesel qui maintient les stocks à un niveau relativement bas. Plusieurs pays envisagent actuellement de revoir à la baisse leurs objectifs en matière de biocarburants, compte tenu de l'impact sur les prix du pétrole.

Par ailleurs, la demande de la Chine, premier importateur mondial d'huile de soja, commence à se redresser après plusieurs mois de calme relatif. Heureusement, les cultures se développent assez bien en général. Une production et une récolte abondantes pourraient renflouer les stocks. Il reste à voir ce que donneront la récolte aux États-Unis et les nouvelles plantations en Amérique du Sud. Celles-ci, ainsi que la demande de biodiesel, seront déterminantes pour la fixation des prix de l'huile de soja et des autres huiles végétales et graisses.

HUILE DE TOURNESOL

Zonnebloemolie in flessen - Foto: Shutterstock La situation la plus réjouissante est celle du marché de l'huile de tournesol. Après une longue période pendant laquelle les stocks mondiaux de graines de tournesol sont restés très réduits, de nombreuses nouvelles récoltes sont attendues. Elles allègeront bientôt la problématique de l’approvisionnement dans de nombreux pays producteurs. Ces perspectives positives devraient selon toute attente faire baisser les prix de l'huile de tournesol.

Mais il y a aussi un revers à cette médaille. Dans un secteur où toutes les autres alternatives, à l'exception de l'huile de tournesol, sont sous pression, cette dernière attirera davantage d'acheteurs. Cela freinera également la baisse des prix, qui ne devrait être que très minime ces prochains mois. Mais si d'autres huiles connaissent également une baisse de prix, la baisse de l'huile de tournesol pourrait être plus importante.

GRAISSE DE BOEUF Les prix de la graisse de bœuf ont augmenté au cours de l'année dernière, principalement en raison de deux facteurs. D'une part, les prix considérablement plus élevés des palmiers. L'huile de palme et les graisses animales vont de pair. Ces deux matières premières peuvent en effet être utilisées alternativement pour de nombreuses applications, comme la production de margarine dans les pays chauds ou de biodiesel. Le deuxième facteur est l'offre limitée sur le marché. A cause du COVID, le nombre d'abattages a fortement diminué au cours des derniers mois.

Rundvet - Foto:Shutterstock Grâce à l’assouplissement des mesures de lutte contre le COVID mis en œuvre entre-temps (et les assouplissements encore en vue), les consommateurs recommencent à « manger dehors ». Cette relance de la consommation en extérieur augmente le nombre d'abattages et donc l'offre de graisse de bœuf, mais ne se traduit pas immédiatement par une baisse des prix, car l'offre et la demande ne sont toujours pas en équilibre. Une fois encore, la demande du secteur du biodiesel a permis de maintenir les prix à un niveau relativement élevé. Il est probable que la demande émanant d'autres industries augmentera davantage vers la fin de l'année. À l'approche des fêtes de fin d'année, les producteurs de bougies, en particulier, vont augmenter leur demande, ce qui se traduira par une hausse du prix des matières premières. Pour les mois à venir, on s'attend généralement à ce que le prix augmente légèrement vers la fin de l'année.

CONCLUSION De nombreux facteurs influencent le niveau des prix des huiles végétales et des graisses animales. Comme les conditions sont loin d'être idéales, les réductions de prix seront rares, voire inexistantes, à court terme. Reste à espérer surtout que les nombreux facteurs évolueront favorablement et que les prochaines récoltes seront bonnes. Cela permettra aux différentes huiles d'être à nouveau disponibles en quantité suffisante pour répondre à la demande. Ce n'est que lorsque l'offre et la demande seront plus équilibrées que le niveau des prix diminuera.

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